Vendredi soir, elle vient de finir son boulot au fast-food, après plus d'une heure de transport elle arrive enfin chez elle. La lumière de la cage d'escalier ne s'allume plus, Tereza monte pourtant sans crainte, tellement habituée à cet escalier obscur. Dans son studio humide, elle allume directement deux-trois bougies, l’électricité lui a été coupé quelques semaines auparavant, son frigo est vide à l'exception d'un vieux bout de fromage moisi, elle gratte le dessus et mange pourtant ce qu'elle considère comme son dîner. Elle finit par s'endormir la faim au ventre et ce malgré la température avoisinant les 10degrés de son minuscule studio. Toc Toc0 Il est à peine sept heures que Tereza se fait réveillé par des martèlements à sa porte. « Mademoiselle Cantwell, c'est le propriétaire ! » Monsieur O'Donnell, un escroc de la pire espèce. Propriétaire de l'immeuble insalubre, il n'a cependant aucun scrupule à faire payer les locataires une somme indécente contenu de l'état de son bien. Elle ouvre la porte à la volée, affichant son regard des mauvais jours « C'est pour quoi cette fois, Monsieur O'Donnell ?! » Cet homme qui est plus d'être un escroc, est aussi un pervers se permet de reluquer Tereza sans la moindre gêne. « Le loyer ! J'aimerais l'avoir en temps et en heure cette fois-ci...ou on peut s'arranger. » Gifler ce connard, ce n'était pas une envie qui lui manquait mais malgré l'état du studio, elle se devait absolument de garder un toit sous lequel dormir. Elle força un petit sourire et l'homme se voyait déjà recevoir sa gâterie mais Tereza lui jeta une enveloppe à la figure. L'argent du loyer, elle le gardait toujours de côté parce qu'elle savait à qui elle avait à faire et que malgré sa pauvreté, elle tenait à garder sa dignité.

Cela fait plusieurs années maintenant que Tereza s'occupe du ménage des grandes familles de la vallée, et son bon boulot lui permet de se faire connaître par bouche-à-oreille et un nouveau contract, c'est une nouvelle entrée d'argent pour la jeune femme. Aujourd'hui c'est son premier jour chez la famille Exstone, et elle avait fait l'erreur de ne pas s'attendre au pire ! « Terry, c'est ça ? » Les familles de la vallée pour qui elle bossait avaient pris l'habitude de la surnommer Terry, comme si l'appeler par son prénom la rendait trop humaine, Terry était un prénom qui aurait très bien pu convenir à un chien et donc il était parfait pour une domestique. Tereza se contenta donc d'hocher la tête, laissant madame Exstone reprendre la parole. « Mon fils a eu une petite soirée hier soir et j'aimerais que vous arrangiez ça avant que mon mari ne revienne de son voyage d'affaire. » Tereza avait une vue d'ensemble de la terasse ainsi que de la cuisine, et le moins que l'on puisse dire c'est que la soirée d'hier soir n'avait pas dû être petite du tout ! « Excusez-moi, puis-je savoir quand est-ce que Monsieur Exstone rentre ? » « Dans moins de deux heures, donc ne perdez pas de temps ! » Incrédule, Tereza vit Madame Exstone tourner les talons l'air de rien.

Un autre jour chez les Exstone, Tereza avait été chargée de lustrer comme il se doit un horrible vase dont Madame Exstone semble être complétement gaga. Une bonne heure plus tard, Tereza finit sa dure tâche et part dehors pour nettoyer la piscine lorsqu'elle entend un horrible fracas venant du salon. Elle se précipite pour trouver le fils Exstone et une de ses poules hilares devant le vase brisé. « Fuck ! Vous savez combien de temps j'ai passé à lustrer cette merde ? » L'hilarité des deux gosses de riche se décuple et s'arrête aussitôt. Tereza relève la tête pour apercevoir Madame Exstone, le visage crispé par la fureur. « Que s'est-il passé ici ? » « Elle l'a fait tombé et je ne suis pas sûr que ce soit accidentellement...» Un doigt accusateur pointé sur elle, Tereza se retient de ne pas se jeter sur ce petit con. « Terry, vous êtes renvoyée ! » Sans même la laisser s'expliquer, sans même lui donner le bénéfice du doute, Madame Exstone tourne les talons et Tereza se retrouve figée devant les regards satisfait des deux gosses de riche.

Puant l'huile de friture, Tereza sort du fast-food dans lequel elle vient de finir son service, il est très tard ou alors très tôt et la fatigue se mélangeant à la faim la rendant très vulnérable ce soir. « Terry ! Tu es là, enfin ! » Sans comprendre ce qui se passe, elle se retrouve enlacée par un jeune homme dont la voix lui est légèrement familière. Elle le repousse vivement et le garçon tombe sur le sol, c'est alors qu'elle reconnait le fils des Exstone qui semble totalement saoul.« Je suis désolé, j'ai mal agis ! » Figée devant ce spectacle impromptu, Tereza se réveille de sa torpeur lorsqu'elle aperçoit au coin de la rue son bus partir - le dernier bus de la nuit - « Et merde ! T'es vraiment un boulet toi ! » « C'est bon, de toutes manières je ne peux pas rentrer chez moi dans cet état, on va prendre une chambre d'hôtel... » La gifle qu'elle se retenait de lui donner depuis son premier jour chez les Exstone venait enfin de percuter le visage si parfait du petit prince.« Je n'ai peut-être pas d'argent mais je ne suis pas l'une de ces poules que tu payes pour passer la nuit avec ! Je vais marcher... » Il lui attrapa le bras et malgré son état alcoolisé, il lui restait une certaine force. « Deux chambres avec spa et peignoirs chauds, en échange je demande juste d'avoir la possibilité de m'expliquer... » La dignité confronté à des peignoirs et de l'eau chaude, ça ne pèse pas lourd.

La réveil fut difficile, une migraine carabiné et des flashs de la nuit lui arrivèrent dès qu'elle eu les yeux ouverts. Du champagne - beaucoup trop pour quelqu'un qui d'ordinaire ne boit pas - des éclats de rire, et une nuit d'amour, voilà ce qui lui revint en mémoire. Elle se releva presque aussitôt, choquée par ses souvenirs « Quelle idiote ! » Ses poings se crispent mais se déssèrent à la vue d'un magnifique bouquet de roses. Finalement elle n'avait peut-être pas fait une erreur. Elle s'extirpa du lit pour venir sentir les roses, un large sourire se dessina sur son visage. Un carte était dans le bouquet, elle s'en saisi et aussitôt son visage se fit dur. Elle jeta la carte dans la poubelle accompagnée des fleurs et se rhabilla rapidement avant de quitter la chambre d'hôtel où eu lieu la perte de sa dignité tant chérie. Sur la carte au fond de la corbeille reposait ces quelques mots; superbe nuit ma poule, cependant je préfère qu'on fasse comme si rien ne s'était passé. xo